Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

190 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

« La comtesse de Balbi, dit encore d’Avaray, était entrée dans le monde sous des auspices peu avantageux. Des circonstances absolument hors de mon sujet, en lui donnant auprès de Madame (la Comtesse de Provence) la place de dame d’atours jusque-là occupée par Mme de Lesparre, lui avaient attiré un grand nombre d’ennemis aux-

quels sa situation était trop faible pour pouvoir longtemps résister. Avec une tournure agréable, beaucoup d’esprit, de chaleur, d'énergie et d’intrigue, elle était parvenue, au bout de quelques années, à se donner un nouveau maintien. Les bontés de Madame avaient été échangées contre celles de Monsieur, en sorte que la faveur de ce prince, qui en avait fort peu alors, était devenue son appui contre les dégoüts sans nombre que la Reine et la Cour lui prodiguaient. Quelques liaisons galantes et les entours de Monsieur étaient sa seule ressource indépendante du prince qu'elle avait séduit. Les femmes ne la voyaient pas, ou détournaient la tête à son approche, ou fuyaient sa rencontre. »

Telle était la dangereuse sirène dont, en entrant dans la maison militaire du Comte de Provence, le jeune officier qu'était alors d’Avaray se vit