Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

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lui demander, et un défaut même de son caractère, que d'autres circonstances auraient rendu incompatible avec le sien, lui offrait peut-être un attrait de plus.

« Extrêmement violente et emportée, accoutumée à voir tout céder autour d'elle, Mme de Balbi n’était pas fâchée de trouver quelquefois la résistance même opiniâtre que je lui montrais sur la moindre proposition qu'elle voulait emporter d'autorité. Mais si, dans une position qui ne rend pas redoutable, on peut, par la résistance même, conquérir l'estime de la personne qu’on combat, il est probable qu’on s’attirera sa haine le jour où elle croira vous trouver le plus petit moyen de rivalité, C’est ce que l'expérience m'a trop bien démontré depuis. »

La haine aux suites de laquelle d’Avaray, dans ce piquant récit, prépare son lecteur ne devait éclater que dix ans plus tard. Dans ce jeune homme que le Comte de Provence accueillait toujours avec bonté et à qui il accordait de plus en plus son estime, Mme de Balbi ne voyait encore qu'un attentif, dont les hommages la flattaient, et, loin de supposer qu’il pût jamais devenir redoutable, ni lui ravir tout ou partie de l'influence qu’elle