Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LE COMTE DE PROVENCE ET MADAME DE BALBI. 193

entendait posséder seule, elle se montrait, en toute occasion, disposée à s'assurer sa gratitude en l’aidant de son crédit.

Elle lui en donna une preuve positive en 1783, lorsque, après la paix avec l’Angleterre, d'Avaray revint du siège de Gibraltar où, grâce à l'appui de la Reine, il avait pu se faire envoyer. Il s'y était bravement conduit. En récompense de ses services sur la batterie flottante du prince de Nassau-Siegen, il venait d'être nommé colonel en second du régiment de Boulonnais qui tenait garnison à Rouen. N'ayant « que mille francs à manger par an », c’est lui qui l’avoue, — il était endetté déjà au moment de son départ pour l'Espagne. Les dépenses d’un long voyage et d’une campagne mouvementée n'ayant pas arrangé ses affaires, il se débattait déjà dans une gêne humiliante. La nécessité d'acheter des chevaux et tout un équipage avant de se rendre à son régiment vint aggraver ses charges et rendre sa situation d'autant plus cruelle que, à la suite d’un procès qui durait depuis vingt ans, sa famille, bien qu'elle eût obtenu gain de cause, se trouvait dans l'impossibilité de lui venir en aide.

Dans cette détresse, après s'être longtemps

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