Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

274 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

mille francs à Chateaubriand, qui était alors secrétaire de la légation de France à Rome. Il vint les chercher lui-même à Gaillefontaine. A l'en croire, ils étaient destinés à payer le monument funéraire que, d'accord avec les héritiers de Mme de Beaumont, il allait élever à celle-ci dans l’église Saint-Louis des-Francais.

Cette circonstance ne parait pas avoir été connue du regretté Edmond Biré, le savant annotateur des Mémoires d'outre-tombe. Dans l'édition de cet ouvrage, qu'il a publiée si peu de temps avant sa mort, il raconte (tome IT) que le tombeau coûta neuf mille francs et que, pour en payer le prix, Chateaubriand dut vendre tout ce qu'il avait. La contradiction qui existe entre ce dire et celui de Mme Hoche ouvre un point d’histoire qu'il serait bien intéressant d’éclaircir, car, si, pour acquitter une dette de neuf mille francs, Chateaubriand en avait reçu trente mille, on ne s’expliquerait pas qu'il eût recouru à un expédient pour se libérer, à moins toutefois qu'ils ne lui aient été comptés qu'après coup et à titre de remboursement, ce qui, d’ailleurs, ne justifierait pas le bénéfice que, dans cette hypothèse, il aurait réalisé sur le tombeau

de son amie.