Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits
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qu'elle leur avait faites. Fort heureusement pour Bonaparte, l'Angleterre tergiversait. Elle s’engageait un jour; le lendemain, elle se dégageait, tantôt sous un prétexte, tantôt sous un autre. Elle voulait et ne voulait pas, et ses hésitations, dont s'irritaient les royalistes, décoürageaient lentement mais sûrement les visées de ces derniers survivants de la chouannerie.
La correspondance du comte d'Artois avec son frère permet de suivre en ses tergiversations la conduite ambiguë du gouvernement anglais. Au mois d'avril 1800, Georges Cadoudal était venu à Londres, accompagné de Hyde de Neuville, afin de présenter de vive voix aux ministres des arguments propres à les convaincre de l’intérêt qu'il y avait, pour la cause royale, à provoquer en France des soulèvements et à encourager les insurrections vendéennes. « À ce moment, l’Angleterre, changeant une fois encore d’opinion, ne considérait plus les royalistes de l'Ouest, écrit le comte d'Artois, que comme un moyen, d’ailleurs bien incertain, d'opérer d’utiles diversions. C’est vers le midi de la France qu’elle tournait ses vues. »
Naturellement, Georges Cadoudal était fort éloigné de partager l’opinion des ministres anglais.