Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

=: HO vous imprimiez à cetle classe si facile à égarer? Ce» pendant, c’est au péril de leur fortune, de leur vie, » qu'ils vous ont conservé votre liberté et votre indé-

Ÿ

» pendance. Sans leur vertu, leur courage, leur pa» triolisme, votre commerce était anéanti, voire indus» trie nulle, votre argent remplacé par du papier, vos » toiles, vos draps, vos blés, votre artillerie, vos en» fants, en réquisition, et vos vies, sous la dépendance » du premier scélérat.... » D'une voix mâle il ajouta : « Un jour viendra que, détestant vos fatales illusions, » vous rendrez justice à ces vrais Genevois, en les pro» clamant les sauveurs de la patrie. — Je n'ai jamais » pris les armes que par les ordres des magistrats à » qui la loi donnait le pouvoir de faire armer les ci» toyens. Rien n’est plus atroce que l'accusation qui me » charge d’avoir trempé mes mains dans le sang de mes » compatriotes... Dieu m'est témoin que jamais ma pen» sée ne se souilla d’un pareil forfait. »

Vivien répondit que les précautions qu'il avait prises de s’armer avec son cercle dans les moments de crise, étaient une mesure de sûreté concertée avec le Gouvernement; que toutes ses démarches avaient eu pour but unique le maintien de l’ordre et le bonheur de l'Etat ; que n'ayant point de fortune, il avait, à la vérité, comme tant d’autres citoyens qui se trouvaient dans son cas, reçu une paie proportionnée au temps qu’il employait à la chose publique; mais que sous aucun rapport cette paie ne pouvait être envisagée comme le prix de son asservissement aux ordres des magistrats.

Chenaud ne put supporter la vue de ces démons incarnés sans éprouver une grande émotion; et la voix