Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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forte et discordante du juge qui l’interrogeait avec des veux de sang, acheva de porter le trouble dans son âme: il parla confusément et ne dit rien de ce qu’il pouvait dire pour se justifier de l'accusation d’avoir, dans la prise d'armes de 1781, blessé un citoyen d'un coup de fusil: car, aux yeux de ce tribunal, il n’était pas coupable, puisqu'il avait tiré sur un de ceux que ses juges appelaient wils satellites de l'aristocratie.

Telle fut leur défense ; elle laissa de profondes impressions. Quoique pris à l’improviste, sans aucune préparation, ne pouvant même soupçonner quel serait le genre de crimes qu'on leur supposerait, environnés de tout ce qui pouvait inspirer un mortel effroi, néanmoins ils parlèrent avec calme, et le développement de leurs moyens de défense fut aussi clair que lumineux. Ceux qui les avaient d’abord crus coupables de trahison envers les lois, ne doutèrent pas de leur innocence, lorsqu'ils virent que le tribunal n'avait osé les interroger sur un point qui avait soulevé la nation contre eux; mais les honnêtes gens qui ne crurent jamais à ce prétendu complot, ne se dissimulèrent pas que, sous l'apparence du bien publie, les démagogues en voulaient à leurs biens et à leur vie. Les chefs d'accusation portaient en soi un caractère qui mettait au jour les dispositions sanguinaires des accusateurs. Il ne manqua à leur triomphe que la liberté des spectateurs. Quel malheur que la nation ne les ait pas entendus! Elle les rendait à la liberté, et du poids de leurs chaînes elle accablait leurs persécuteurs !

Peut-être aurait-il été plus convenable à leur courage et à leur vertu de décliner ce tribunal qui était une monstruosité dans l’ordre social. J'ignore si cette