Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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italienne publiée par un autre Ragusain le Père Appendini dans ses Nolizie istorico-critiche sull’antichità, storia e letteratura di Ragusa (Raguse 1802-1803). Nodier a recueilli cette traduction plus tard dans ses œuvres (Paris, 1832, T. LI, p.163). Dans ce quatrième article, il annonçait l'intention de consacrer une étude détaillée au grand poème de Gondola (Gundulié) intitulé L'Osmanide. Les circonstances ne lui ont pas permis de réaliser ce projet.

Les Français durent évacuer Laybach et Nodier retourna dans sa patrie. Mais il n'avait pas oublié l'impression qu'avaient faite sur lui les types qu’il avait observés. En 1818, il publie un roman intitulé Jean Sbogar, une histoire de brigands dont la couleur locale est assez vague, mais dont l’action se passe tour à tour en Dalmatie, au Monténégro, en Istrie. À beau mentir qui vient de loin, dit le proverbe, qui cette fois encore, se trouva justifié.

Trois ans plus tard, en 1821, Nodier publiait une autre nouvelle assez singulière sous ce titre : Smarra ou les démons dela nuit, Songes romantiques, traduits de l’eselavon du comte Maxime Odin. Par esclavon il faut évidemment entendre ici l’illyrien, autrement dit le eroato-serbe. Quant au nom de Maxime Odin que Nodier dit être le pseudonyme d'un noble ragusain, ce nom est fort mal inventé. Odin appartient à la mythologie germanique et jamais un Slave n'aurait l’idée de donner ce nom à son fils mais en le prenant, Nodier ne pensait pas, je crois, au dieu scandinave. Dans la première édition de ce récit fantastique Nodier déclare que le manuscrit du comte Maxime Odin lui a été communiqué par un chevalier Feodorovich Albinoni et il nous apprend que Smarra et le nom du mauvais esprit auquel les anciens rapportaient le triste phénomène du cauchemar. Le mème mot, dit-il, exprime encore la même idée dans la plupart des dialectes slaves. Mora est en effet un mot serbe qui désigne l’incube, le démon qui trouble les nuits, le cauchemar, et il a des analogies dans les diverses

langues slaves.