Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires
LA BULGARIE MODERNE 193
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On s’est un peu étonné au début du titre de tsar adopté par le prinee Ferdinand. Il suffit de consulter la classique histoire des Bulgares, par M. Constantin Jireczek, de l’Académie de Vienne’, pour constater que depuis le x° siècle jusqu’à l’année 1393 tous les souverains de Bulgarie ont porté le titre de /siesar, abrégé plus tard sous la forme ser. Comme l’allemand Kaiser, le mot dérive du latin Cæsar. Quelques-uns s’intitulaient /siesar des Bulgares et des Grecs. Leur nouveau successeur, Ferdinand I“, n'affiche pas d'aussi hautes prétentions.
Dans une ancienne église qui subsiste encore à Trnovo on peut lire une inscription qui débute ainsi :
« Moi Jean Asen, tsar fidèle au Christ, fils d’Asen I#, j'ai construit cette église... »
En reprenant le titre de tsar, le prince Ferdinand n’a donc fait que se conformer à latradilion nationale. Il ne faut pas d’ailleurs s’exagérer l'importance de ce titre. Il est la traduction du grec basileus et peut aussi bien se traduire par roi que par empereur. Il ne peut, en aucune façon, faire ombrage à l’empereur de toutes les Russies. Depuis Pierre le Grand les souverains russes portent le titre latin d’iperator ; ils gordent celui de tsar pour la Pologne etles anciens états (Kazan, Astrakhan, etc.), depuis longtemps absorbés par l'unité russe. C’est done à tort, — et par suite d’une tradition aujourd'hui abrogée, — que nous disons le tsar en parlant de l’empereur Nicolas II ou de ses derniers prédécesseurs.
Le souverain de Bulgarie porte doncle titre de roicomme son voisin de Serbie ; notons toutefois, à titre de curiosité, que malgré la parenté intime des deux langues slaves les
1. Édition russe de 1882. Cet excellent ouvrage, publié pour la première fois en tchèque, a été aussi traduit en allemand.
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