Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires
LA BULGARIE MODERNE 197
eux-mêmes. Il leur apprit qu'ils pouvaient vivre et progresser en dépit de la Russie et de l'Europe. Il finit par soulever une telle impopularité qu’il dut donner sa démission (mai 1894). Le prince respira ; Stamboulov, démissionnaire malgré lui avait passé dans l'opposition et pouvait être un adversaire dangereux. Il fut assassiné au mois de juillet 1895. ‘
L'acte fondamental de la principauté de Bulgarie, la constitution dite de Trnovo, stipulait que le premier souverain de la Bulgarie pouvait appartenir à une religion autre que l’orthodoxie gréco-slave. Son successeur devait être orthodoxe. La Russie avait usé de ce prétexte pour ne pas reconnaître le prince Ferdinand qui était, dans l’ordre chronologique, le second prince bulgare, mais qui, en montant sur le trône, était resté catholique. Ferdinand était célibataire et il y avait peu de probabilité qu'il pt épouser une princesse orthodoxe, tant que la Russie lui était hostile. D'autre part, pour consolider l'avenir dé la Bulgarie, il fallait une dynastie. Afin de faciliter le mariage du prince, Stambouloy fit décider par le Sobranié, en 1893, que par dérogation à la constitution de Trnovo, le premier-né de la famille princière pouvait appartenir à un autre culte que celui de ‘état. Le prince épousa, dans le courant de l’année 1893, la princesse Marie-Louise de Parme : son premier fils reçut le nom essentiellement bulgare de Boris, mais fut baptisé suivant le rite catholique. La Russie ne désarmait pas; les autres états
Imitaient son silence autour d'elle rangés.
Au risque de contrister son épouse et le monde catholique, le prince se décida à imiter l’exemple de son lointain ancétre Henri IV, qui avait trouvé que Paris valait bien une messe. Il décida de convertir le jeune Boris à l’orthodoxie ; l’empereur de Russie consentit à être le parrain du néophyte inconscient, et du coup la Russie reconnut le souverain qui avait sacrifié les sentiments et les traditions de famille aux exigences de l'État. Peu de temps après avoir gagné cet au-