Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires
LE ROI FERDINAND 211
contribué à la révolution pacifique qui eutpour conséquence l'annexion de la Roumélie orientale à la Principauté. Nommé régent par le prince de Battenberg, il s’imposa à ses collègues comme Bonaparte s'était imposé aux siens. Il fut vraiment le premier consul. Il sut persuader au prince et à ses compatriotes que la Bulgarie pouvait tenir tête à la Russie, se passer de l'Europe et se suffire à elle-même. Il appartenait à la race des Richelieu et des Bismarck : violent et peu scrupuleux, il se fit beaucoup d’ennemis:; mais, au fond, il réussit à inspirer à ses compatriotes une solide confiance en eux-mêmes. Les mœurs politiques étaient assez brutales dans la Bulgarie naissante ; Stamboulov échappa aux balles qui lui étaient destinées, mais il finit par se rendre insupportable à tout le monde, et, au mois d'avril 1894, il dut donner sa démission. Peu de temps après, il fut assassiné. Le revolver pendant cette période agitée, à joué un rôle exagéré dans la vie politique du peuple bulgare. Le ministre qui avait formé un-cabinet de conciliation après le départ de Stamboulov, l’ancien délégué Stoïlov prépara une période d’apaisement.
Stamboulov avait voulu assurer à son pays une dynastie. Pour faciliter le mariage du souverain avec une princesse — non orthodoxe — il fit décider, en 1893, par le Sobranie, une modification à l’acte fondamental de Trnovo. Il fit voter que le premier né du mariage conclu par le prince Ferdinand pourrait PTS à un autre culte qu’à celui de l'État bulgare. Il n’y avait malheureusement guère de chances que le prince püt épouser une princesse orthodoxe. Nila Serbie, ni la Roumanie, ni le Monténégro, ni la Grèce n'avaient de fiancée à lui offrir, et bien entendu il ne fallait point penser à la Russie. Le prince Ferdinand devait nécessairement chercher femme parmi les familles catholiques ou protestantes. Au mois de février 1893, il épousa, à Pianora, en Toscane, la princesse Marie-Louise, fille du due Robert de Parme, qui lui a donné quatre enfants dont deux fils. L’ainé, le prince Boris, duc de Trnovo, né le 30 janvier 1894, arrive à l’âge viril et les destinées de la dynastie sont