Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
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qu'à des prix fabuleux. Lorsque cette nouvelle fatale nous parvint, je fis demander le bourgmestre du village, mais il lui fut impossible de faire bouger ses paysans. Ma position devenait ainsi pire qu'à Bromberg.
Je restai toute la journée à réfléchir comment je pourrais me tirer de ce mauvais pas. Je n’avais plus d'argent et il fallait en avoir. Je voulus vendre à des Juifs à peu près tout ce qui me restait, mais ils ne voulurent men donner que le quart de sa valeur. J'étais désespéré, la nuit approchait et Von vint nous annoncer que les Cosaques allaient arriver. Dans une si triste circonstance, je ne pouvais me décider à laisser faire prisonniers mes voltigeurs et les voir partager le sort d'un pauvre blessé. Je les conjurai donc de s’éloigner au plus tôt; mais ils n’en voulaient rien faire. Pour leur prouver ma résolution inébranlable, je donnai à lun mes épaulettes, à l’autre quelques derniers souvenirs. Malgré cela, ces généreux et dévoués soldats ne voulaient pas encore s’éloigner. Je fus obligé d’ordonner dans les termes les plus formels, pour qu’ils se décidassent à quitter leur ancien chef.
Seul, abandonné à mes douloureuses impres-