Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
— 132 —
sions, j'attendais stoïquement les Russes, lorsque mon hôte vint m'annoncer qu'ils n’arrivaient pas encore ; ce qui le décida à me faire transporter à Schneidmahrly, où il me déposa dans une auberge.
Je trouvai, dans cet endroit, quelques lanciers français, qui, me voyant seul et blessé, m’accueillirent au milieu d'eux avec la plus grande cordialité, en m’engageant à partager leur ordinaire. Ayant pris avec moi le porte-manteau de mon frère, dans l'hôpital de Bromberg, et, n’ayant plus rien, je voulus vendre ce qu’il pouvait contenir; mais je n'y trouvai que de la paille et son habit rouge, laissé apparemment pour dissimuler le vol. Cette circonstance me vexa énormément, car j'avais tout donné au dernier paysan que j’avais quitté, jusqu'à mon coupon de douze aunes de nanquinet, des bottes et un mouchoir.
Dans ma détresse, je fis prier le bourgmestre de venir à mon auberge, ce qu'il fit très gracieusement. Je le pressai vivement de me faire transporter plus loin. Il ne fut pas à même de le faire le même jour, mais il me promit de s’exécuter le lendemain.
Les lanciers qui étaient avec moi, voulurent