Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
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se plaignit d’avoir été dérangé, il sut apprécier tout le dévouement de mon domestique improvisé, et lui fit un don pour lui prouver son admiration. Après être resté quelque temps à Mayence, je me rendis, par Worms et Landau, à Lauterbourg, où se trouvait le dépôt de notre régiment. A mon arrivée, il se passa une circonstance assez singulière. Les officiers qui avaient pu revenir au dépôt, soit de Polotsk, soit de la Bérésina, devisaient entre eux sur le sort des officiers du régiment. Ils étaient à leur pension, lorsqu’étant entré dans l’antichambre attenante à la salle à manger, j'entendis prononcer mon nom, et l’un de mes camarades assura que j'avais succombé à mes blessures. Chacun se récria sur le sort d’un camarade qu’ils aimaient, lorsque je fis soudain mon apparition au milieu d'eux, en m'écriant : « Eh non, camarades, me voilà, je ne suis pas mort! Mon frère, c’est bien moi! » Le revenant de la Bérésina était appuyé sur ses béquilles; chacun lembrassa, amis et frère, cordialement, puis il me fallut donner mille détails sur mon miraculeux voyage. On s’étonnait avec raison que j’eusse pu, moi, pauvre blessé, résister à la misère et au