Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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montais et fort à son arrivée de près de trois mille hommes, n’en avait plus à ce moment que sept cents. Les Russes, connaissant nos misères, envoyaient des affiches sur toute la ligne, pour provoquer par mille avantages les soldats ouvriers à la désertion. Néanmoins, peu de défections se manifestèrent.

Le maréchal Ney avait quelques espions qui l’instruisaient des projets de l'ennemi. Un jour, il fut averti que le camp même où se trouvait Le colonel Baptiste, du 25° régiment d'infanterie légère, devait être surpris pendant la nuit; mais on n’indiquait aucune date précise. Ney ordonna au colonel Baptiste de sortir de ses bivouacs, de les laisser allumés et de s’embusquer dans un petit vallon, près d’un défilé qui se trouvait devant lui. Le colonel Baptiste exécuta ce mouvement pénible pendant plusieurs jours, par un très grand froid. Une nuit enfin, il aperçut l’ennemi, lui laissa passer le défilé, puis, faisant un feu roulant, il écrasa les Russes, qui s’enfuirent en déroute, et il en fit un massacre épouvantable. Le lendemain, il vint un parlementaire demander, de la part du général russe Benningsen, le nom du brave colonel français qui l’avait si bien reçu : le sentiment de bravoure, d'honneur et de vaillance régnait dans les deux armées.

Soult occupait la ville de Liebstadt, qui fut comme nous malheureuse; un incendie la détruisit complètement.