Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
98 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR
n’avions perdu que nos équipages, nos chevaux de main et, je crois, un escadron du 15: régiment de chasseurs. Notre parc d'artillerie, commandé par le colonel d’Aboville, se trouvait dans un village, à une lieue en arrière de Guttstadt, dans une vallée profonde. Ney, inquiet du sort de ce parc, m'ordonna de prévenir d’Aboville qu’il eût à se rendre aussi à Puffendorf. Je partis à la tête d'une compagnie de hussards et bientôt des milliers de Cosaques m’entourèrent en criant « Hurra! Hurra! » Mes hussards tenant ferme, je continuai ma marche en bataille en servant de guide aux Cosaques, qui, découvrant le parc, y pénétrèrent avant moi et le firent sauter en ma présence. Je retournai à Puffendorf au milieu de cette même nuée d’ennemis, qui tirait mille coups de pistolet mais qui n’osa cependant crever sur moi, quoique supérieure en nombre. De ce point, nous pâmes voir 50 000 Russes s'établir et nous entourer; les bivouacs ennemis s’installèrent à portée de canon des nôtres. Nous n'avions que 12 à 15 000 hommes à leur opposer pour l'attaque du lendemain (1).
(1) Ce chiffre pourrait paraitre exagéré; toutefois le maréchal Ney, dans son Rapport du 5 juin au major-général, donne à peu près le même effectif aux colonnes russes aperçues au cours de sa reconnaissance à la fin de la journée, et s’avançant à la suite de l'avant-garde de Bagration.
Benningsen, après avoir réuni le gros de ses forces auprès d'Heilsherg, aux premiers jours de juin, porta le ä son principal effort contre les positions avancées du VIe corps, tout en faisant attaquer les corps voisins de Bernadotte et de Soult. (Note de l'éditeur.)