Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

CAMPAGNE DE 1807 : EYLAU, FRIEDLAND 103

Toutes les maisons de la campagne étaient converties en ambulances où les chirurgiens opéraient les blessés. Nous bivouaquâmes sur le champ de bataille et j’appris qu'un grand nombre de mes camarades avaient été tués. Pendant la nuit, je fus pris par le froid et je ne trouvai d’autre moyen pour m'en préserver que de me blottir dans une écorce de sapin qui déjà avait servi de lit à un Russe; mais je pensai périr de froid dans ce fréle abri. Lavillette, aide de camp du général La Riboissière, arrivant de Dantzig, nous apporta d’excellent vin de Bordeaux : nous bûmes tous à la santé de, Lavillette. Je ne dois pas oublier de dire que je retrouvais une deuxième fois le brave Heymès, dont j'avais arrêté l'avenir chez le général Seroux ; il fut encore obligé, à cause de moi, de quitter l’état-major du maréchal Ney et de reprendre ses fonctions auprès du général Seroux.

Le lendemain de la bataille d’Heilsberg, l’armée française, refaite par les ressources en chevaux que nous offraient le Holstein et le Hanovre, grossie par les nombreuses recrues arrivées de France et qui vinrent se confondre avec nos vieux braves, prit de nouveau l'offensive. L'Empereur envoya le

retranché d’Heilsberg, ne l’abandonna que le 11 au soir et le 42 au matin pour se porter par la rive droite de l’Alle vers Friedland, d'où il pouvait faire sa jonction avec les Prussiens. Napoléon, pour le couper de Kœnigsberg, allait donc porter le gros de l’armée vers le nord par Eylau et pousser Lannes, avec la Réserve d'infanterie, sur la droite vers Friedland. (Note de l’éditeur .)