Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
GUERRE D'ESPAGNE EN 1808 ET 41809 125
gauche et que déjà il s’était emparé de Logrono (1). Nous partîmes et, faisant une marche précipitée, nous arrivâmes, le 25, en vue de cette ville, dont l'Ébre, très large, et un.pont nous séparaient. Vingt mille Espagnols bordaient la rive opposée et nous présentaient de nombreuses batteries. Nous nous rangeâmes en bataille : on attaqua; mais ce combat d'artillerie sans engagement d'hommes ne put avoir de résultat. La nuit vint; nos troupes et notre artillerie gardèrent leurs positions. Mais, sur les 3 heures du matin, le maréchal m’appela et me dit : « Je veux enlever la ville de vive force dès le point du jour, la rivière doit être guéable, tàchez de trouver un gué. » Je partis; je fis part de ma mission aux divers généraux et au commandant d'artillerie Boulard. Je priai un colonel d’infanterie de me faire suivre par une compagnie de voltigeurs; plus loin, passant près d’un autre régiment, je demandai de même une seconde compagnie : j'étais done suivi par 200 hommes.
(4) Les Anglo-Espagnols, forts du souvenir de Baylen, ne songeaient à rien moins qu'à envelopper l’armée française sur la rive gauche de l'Ébre, autour de Vittoria, en avançant leur aile droite (Palafox) sur Pampelune, l'aile gauche (Blake et La Romana) sur Bilbao, le centre (Gastaños) marchant par Logrono, sur l'Ébre.
Napoléon, désireux de voir les Alliés s'engager ainsi à fond, avait interdit toute opération avant son arrivée, mais le roi Joseph, inquiet, disséminait ses forces dès la fin d'octobre en les poussant en avant : ainsi se produisirent les affaires de Logrono, conduite par Ney, avec la seule division Dessolle, de Lérin sous Moncey et un nouveau combat à Durango (31 octobre) sous Lefebvre. (Note de l'éditeur.)