Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
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cence s’écria que Napoléon, par cette action, allait encore grandir aux yeux du monde, et il écrivit à la hâte l’acte d’abdication, ainsi conçu : J’abdique en faveur de mon fils, roi de Rome, l’impératrice régente. Puis l'Empereur signa. Les deux maréchaux et le grand écuyer sortirent du cabinet de Napoléon; on les entoura. Le maréchal me dit en passant : « Il a abdiqué. » On demanda des chevaux de poste, et le maréchal me permit de le suivre à Paris. Il monta en voiture avec le duc de Vicence et Macdonald. J’enfourchai un de mes meilleurs chevaux, avec lequel je galopai d’une seule traite de Fontainebleau jusqu'à Paris, où nous arrivâmes à 10 heures du soir. En passant derrière Essonnes, j'étais entré dans l’armée ennemie, où, pour n'être point arrêté, je fus obligé de mettre sur mon bras un brassard blanc, indiquant ma qualité de parlementaire.
On a prétendu que les deux maréchaux et le duc de Vicence, qui devaient adjoindre le maréchal duc de Raguse à leur mission, l'avaient pris en passant à Essonnes. Je dois dire qu'accompagnant la voiture, je n'ai point remarqué ce fait. J'ai même ouï raconter que le duc de Raguse, apprenant le passage de ses collègues et les négociations entamées à son insu avec l'ennemi, s'était déterminé à faire marcher ses troupes sur Versailles pour les livrer aux Alliés. Telle a été jusqu’à ce jour ma conviction. Il est plus probable que ce maréchal, se croyant mis à l'écart par ses col-