Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
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illustres convives, Alexandre et Talleyrand en tête. Talleyrand indiqua quelques places d'élite aux principaux invités. L'Empereur de Russie occupait la place d'honneur, ayant à sa droite le prince de Bénévent et à sa gauche Sacken. En face, était le duc de Vicence, puis le due de Tarente; quant au prince de la Moskowa, il occupait un couvert non loin de Talleyrand. Pour moi, je pris place à un bout de table, en face et du côté opposé au maréchal Ney. J'avais près de moi des officiers russes. On pense bien que les circonstances, plus encore que la haute qualité des convives, imposèrent la plus grande réserve dans la conversation générale, et mes voisins, ne sachant pas un mot de français, auraient pu difficilement me faire sortir du silence que je désirais garder. Le repas dura peu de temps. On était à la fin du service, lorsqu'un officier russe vint annoncer à Alexandre, à haute voix, une nouvelle qui surprit tous ceux qui la comprirent. Le duc de Vicence, le seul Français présent qui entendît la langue russe, expliqua aux maréchaux que ce message avait pour objet d'informer l’empereur que l’armée française, campée derrière Essonnes, se rendait aux Alliés avec armes et bagages et que déjà l'avant-garde était à Versailles. Le maréchal Ney, qui jusqu'alors avait fait parade de la valeur et du dévoñment de l’armée française, qu’il portait alors à 50 000 combattants ne demandant tous qu'à marcher sur Paris, se souleva, indigné, et soutint que