Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
1815 — LES CENT JOURS. WATERLOO 261
consterné à Besançon de la nouvelle du débarquement. On craignait une insurrection générale. Le maréchal, parti le 8 mars, me suivit de près et aucun incident ne marqua son voyage. Seulement, on assure qu’en passant à Dôle, où se trouvait le régiment de hussards, commandé par le prince de Carignan, il avait appris que ceux-ci étaient animés d’un mauvais esprit et qu'on ne pouvait compter sur eux pour marcher contre Bonaparte. Le duc de Berry, en passant la revue de ce régiment, avait, dit-on, traité avec peu d’égards le corps d'officiers. À ce que l’on assure, Ney donna l’ordre au prince de Carignan de se rendre à Auxonne, et il prescrivit secrètement au général Pelgrin, commandant de cette place, de retenir le régiment et de fermer les portes de la ville. Il reçut les chevaliers de Saint-Louis et les engagea à s'organiser pour défendre la cause du roi.
Ney arriva à Besançon le 10 mars, à midi; il prit connaissance des ordres du ministre de la guerre. Soult ne lui indiquait aucun mouvement; il annonçait des troupes qui ne se trouvaient pas là; il n’y avait même dans la place que des dépôts formant au plus 400 hommes; les régiments des deux divisions étaient disséminés par bataillons; les attelages manquaient pour l'artillerie et la plupart des canons même n'étaient pas montés. Ne sembleraitil pas que Soult avait tout disposé pour faciliter le succès de Bonaparte ?
La disposition des esprits paraît à Ney d’un