Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
1815 — LES CENT JOURS. WATERLOO 273
jamais douté de nos sentiments de patriotisme (1)!
La position était vraiment pénible pour les hommes dévoués au roi, que j'avais conduits moimême sur le terrain. Le marquis de Grivel, complimenté comme nous par les soldats, ne put cacher son indignation, et, prenant son épée, il la brisa et en jeta les débris à terre. Le maréchal Ney, toujours à pied, retourna dans son logement; la population se répandait sur son passage en poussant mille cris de « Vive l'Empereur ».
Aïnsi fut consommé ce grand acte, dont les
(4) Nous croyons devoir rétablir ici le texte de cette proclamation :
« Officiers, sous-officiers et soldats!
« La cause des Bourbons est à jamais perdue! La dynastie légitime que la nation française à adoptée va remonter sur le trône : c’est à l Empereur Napoléon, notre souverain, qu'il appartient seul de régner sur notre beau pays! Que la noblesse des Bourbons prenne le parti de s’expatrier encore ou qu'elle consente à vivre au milieu de nous, que nous importe? La cause sacrée de notre liberté et de notre indépendance ne souffrira plus de leur funeste influence. Ils ont voulu avilir notre gloire militaire, mais ils se sont trompés : cette gloire est le fruit de trop nobles travaux pour que nous puissions jamais en perdre le souvenir! Soldats! les temps ne sont plus où l’on gouvernait les peuples en étouffant tous leurs droits : la liberté triomphe enfin, et Napoléon, notre auguste Empereur, va l'affermir à jamais. Que désormais cette cause si belle soit la nôtre et celle de tous les Français! Que tous les braves que j'ai l'honneur de commander se pènètrent de cette grande vérité! Soldats! je vous ai souvent menés à la victoire : maintenant, je veux vous conduire à cette phalange immortelle que l'Empereur Napoléon conduit à Paris et qui y sera sous peu de jours: et là, notre espérance et notre bonheur seront à jamais réalisés. Vive l'Empereur! » (Note d'O. Levavusseur.)
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