Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
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suites devaient être si fatales. Vainement, on a prétendu que le maréchal avait cédé à l’entraînement que lui inspirait l'Empereur; vainement, on a dit qu’une lettre du général Bertrand, arrivée pendant la nuit du 13, avait ébranlé sa fidélité au roi, et qu'il avait reçu la proclamation toute faite : le maréchal n’était pas accessible à de telles considérations. La seule, qui le détermina, fut la sympathie qu’il crut reconnaître dans le pays pour la cause de l'Empereur. Les deux prisonniers amenés par le marquis de Grivel étaient deux négociants : leur langage fit cent fois plus d'impression sur Ney que toutes les proclamations impériales; il crut distinguer dans ces hommes les véritables organes du pays; il était d’ailleurs disposé à les croire, à cause de tout ce qu’il venait d'apprendre; il y était disposé par le silence que Bourmont, Lecourbe, Mermet et Jarry avaient gardé, au moment où il les avait consultés sur la proclamation; enfin, Napoléon lui inspirait moins d’affection que de crainte. Qu’une tête froide réfléchisse dans un pareil instant, on le conçoit, mais lui! Si Ney avait calculé, ce jour-là, ileût cessé d’être lui-même. Le maréchal, en quittant l’esplanade, crut peut-être que son état-major, tous les généraux et Les officiers allaient le suivre et le complimenter, mais chacun, réfléchissant à la responsabilité qu'il encourait par cette nouvelle position, se recueillit et se retira, au point que, arrivé à l'hôtel de la Pomme d’or, Ney se trouva seul. Pendant ce