Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
1815 — LES CENT JOURS. WATERLOO 277
même. Quoique ma séparation d'avec le maréchal fût prononcée, comme on vient de le voir, mon dévouement au prince de la Moskowa et ma reconnaissance étant sans bornes, je ne pouvais absolument le quitter. Faisant abnégation entière de ma personne, je devais continuer à suivre les ordres qu'il me donnait. Avant le dîner, le maréchal me fit appeler et me dit en confidence que Jarry venait de refuser d'aller à Besançon, pour exécuter un ordre dont il l'avait chargé. Il ajouta qu’il craignait que le préfet Scey ne s’emparät de Besançon et n’y organisât un mouvement dans le sens contraire; il me demanda sur qui il pouvait compter pour faire exécuter cet ordre. Il hésitait à confier cette mission à Mermet, craignant le même refus. Je répondis que Mermet n’avait pas l'énergie convenable dans cette circonstance; qu’il ne refuserait pas de remplir la mission, mais qu'il la remplirait de mauvaise grâce, ou point du tout. «Écrivez, » me dit-il, et il dicta un ordre de prise de possession de la ville de Besançon, au nom de l'Empereur, et de préparatifs pour la défense de cette place. Dans cet ordre se trouvait un article prescrivant l’arrestation de M. Scey, préfet du Doubs, et de M. Durand, commandant d'armes à Besançon. A cet article, je me levai, déclarant que je ne consentais pas à l'écrire. Nouvelle altercation alors entre le maréchal et moi : je persistai invariablement dans mon refus. J’appris plus tard que l’ordre donné au général Mermet ne fut point exécuté; que le général