Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

308 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR

J'avais la veille, sur le champ de bataille, sept chevaux et trois domestiques; que sont-ils devenus? Je me rappelle le chasseur du 15°; on me dit que le 15° est du côté de Saint-Quentin, d’où toutes les troupes sortent en désordre; dans un village en arrière, je trouve enfin le 15° et mon cheval!

De Saint-Quentin, je crus devoir revenir chez moi à Breteuil, d'où je ne tardai pas à rejoindre le maréchal. Les troupes étaient sous les murs de Paris. Les braves généraux qui les commandaient, Vandamme, Eckmühl, Freycinet, Pajol, d’'Erlon, Roguet et d’autres, signèrent une adresse à la Chambre des représentants, dans laquelle ils protestaient encore contre le retour des Bourbons. C'était le dernier soupir de l’armée. A la séance du 22 juin, à la Chambre des pairs, le maréchal crut devoir dissiper les illusions de ceux qui croyaient encore à l'existence de l’armée. Il dévoila toute l'étendue de nos pertes et fit comprendre l'impossibilité de sortir, autrement que par des négociations, de la position pénible qui venait d’être faite à la France.