Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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actions et des opinions politiques. Il voulait même qu’en cas de discussion sur le traité ses dispositions fussent interprétées en faveur des armées et des habitants. Cette capitulation signée, la sécurité du maréchal était complète.

Toutefois, l'entrée dans Paris des gardes du corps du roi et des hommes qui avaient accompagné Louis XVIII à Gand, l’exaltation des femmes, les divers propos que l’on entendait de toutes parts annonçaient une réaction terrible contre ceux qui avaient concouru au succès du retour de l'Empereur. Les amis du maréchal l’engageaient à se retirer; il résistait en disant qu'il avait capitulé, qu'il était au milieu des Alliés qui avaient traité, et qu'il était plus en sûreté là qu'ailleurs. Cependant, cédant à nos prières, il se détermina à partir pour la Suisse, où il avait rempli autrefois des fonctions diplomatiques. Il envoya un de ses officiers à Fouché pour solliciter un passeport, qui lui fut accordé, Un congé fut demandé au prince d'Eckmübl pour l’armée de la Loire, et, lorsqu'on lui apporta ce congé, il me dit : « Davout a signé mon ordre de départ. Qui lui signera le sien? Il est dans le même cas que moi. » Je lui offris de l’accompagner à Lausanne; il me conseilla, au contraire, dans son intérêt même, de prendre le plus tôt possible du service auprès du roi, et il adressa au ministre de la guerre une demande pour me faire rentrer dans l’arme de l’artillerie. Cette demande fut accordée le jour même, 5 juillet 4815. Le ma-