Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1815 — LA DEUXIÈME RESTAURATION 311

réchal partit le lendemain, emportant 12 000 franes et accompagné d’un jeune secrétaire.

Le 8 juillet 1815, j'entrai comme aide de camp à l'état-major du marquis Dessolle, nommé général en chef de la Garde nationale de Paris. Le général Dessolle avait commandé en Espagne une des divisions placées sous les ordres du maréchal Ney. C'était un homme de mœurs douces, polies, affectueuses et pleines de noblesse. IL était très aimable et très simple, joignant beaucoup d'esprit à une grande bravoure; le maréchal l’estimait fort et celui-ci le lui rendait avec usure. Le général avait eu pour moi des bontés particulières. Quoiqu'il fût amplement pourvu d’aides de camp, qu'il lui fallait accepter de la Cour, il désira que je fusse auprès de lui l'interprète des officiers de l’ancienne armée, qui venaient réclamer sa protection et qui, sans moi, n'auraient point été reçus. À cette époque de réaction, les salons n’étaient fréquentés que par des dénonciateurs qu'il fallait écarter avec précaution et ne présenter au général qu’à la dernière extrémité, car ils menaçaient d'aller directement chez le comte d'Artois.

Bientôt nous apprîmes que Fouché, qui avait délivré le passeport au prince de la Moskowa, l'avait fait suivre et devancer à francs étriers par des gardes du corps déguisés; que le maréchal, s'étant aperçu de cet espionnage, avait subitement changé sa direction et s'était rendu aux eaux de Saint-Alban, près de Roanne ; que là, Mme la maré-