Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1818 — LA DEUXIÈME RESTAURATION 313

gnez-moi un régiment et je vous remettrai l’escadron que vous demanderez. » — « Monsieur le secrétaire général, répliquai-je, tous les régiments doivent être également dévoués au roi. Si j'étais colonel, je ne recevrais pas un officier sortant de la Garde par le motif qui vous fait m’excelure; je ne puis quitter aujourd’hui la Garde qu'avec honneur et avancement : je n’ai point démérité. Je ne donnerai pas ma démission; je retourne à mon poste, et j'y attendrai vos ordres. »

Le surlendemain, je reçus une de ces lettres circulaires que l’on adressait alors à tous les officiers de l’armée de la Loire, pour me notifier l'ordonnance du 31 août 1815, qui renvoyait ces officiers dans leurs foyers. Les dispositions de cette ordonnance ne m’étaient pas applicables, puisque j'avais reçu mes lettres de service depuis sa promulgation. Cependant, je crus devoir me retirer chez moi, à Paris, dans ma maison de la rue Neuve-desPetits-Champs. C’est alors que j'y fus pour la police un objet d'observation continuelle; je crus prudent de ne plus aller dans le monde : on venait s’informer, chez mon portier, du nom des personnes que je recevais, et de celles chez lesquelles j'allais.

Un jour, entra chez moi un officier, nommé Sartiges, accompagné de quatre gendarmes, pour m’arréter et m'intimer l’ordre de sortir de Paris. Je montrai l’ordre écrit qui me prescrivait de rester dans mes foyers, et je fis observer que je ne pouvais contrevenir à cet ordre sans m'exposer à

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