Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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chale lui avait envoyé une personne de confiance pour l’engager à la suivre au château de Bessonis. près d’Aurillac, où il était arrivé le 29 juillet.

Pendant ce temps, on s’empressait de réorganiser la Garde royale. Digeon qui en commandait l'artillerie, se souvenant de Banos, m'offrit le commandement du 1* escadron, sous le titre de capitaine, en me prévenant que le chef d’escadron titulaire ne pouvait monter à cheval. Cet officier avait émigré au commencement de la Révolution et je devais inévitablement lui succéder. Ma nomination eut lieu le 20 septembre.

Bientôt un bruit sourd circule; je commandais un jour ma batterie lorsqu'on vint m’apprendre que les officiers de la Maison du roi et le duc d'Angoulême lui-même avaient adressé de vifs reproches au général Digeon et au colonel d'Hautpoul sur mon admission dans la Garde. Ayant reçu l'ordre de me rendre chez le secrétaire général du ministre de la guerre, Tabarié, je me transportai aussitôt au ministère, et, m’étant fait annoncer, j'entrai dans le salon, où se trouvaient beaucoup de généraux. Le secrétaire général me prit à part et me dit tout bas : « Monsieur Levavasseur, vous ne pouvez rester dans la Garde. » — « Par quel motif? » — « La Garde, continua Tabarié, est un corps privilégié, où l’on n’admet que des officiers qui ont donné depuis longtemps des marques d’attachement à la dynastie des Bourbons:; vous n'êtes pas dans ce cas. Entrez dans la ligne; dési-