Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1843 — LE PROCÈS DE NEY 347

On connait les détails de ce procès célèbre qui affligea toute la France : Bourmont y montra une lâche animosité, mais Clouet fit voir qu’il se souvenait des bontés que le maréchal avait, toujours eues pour lui.

Ce fut un moment lamentable que celui où le prince de la Moskowa fut obligé d'expliquer, à ceux qui auraient dû baisser les yeux devant lui, la catastrophe du 14 mars. «Je ne pouvais, dit le maréchal, arrêter l’eau de la mer avec ma main; la digue a été renversée devant moi; j'ai préféré ma patrie à tout. »

Écoutons un instant Berryer développant ce beau sentiment. « J'ai justifié, dit-il, le maréchal

Ney de tout reproche de préméditation : l'intention’

qui l’a toujours dirigé est devenue évidente; elle offre une nouvelle preuve de l’attachement qu’il portait à son pays. Les formes du gouvernement ont changé bien des fois pendant la vie militaire du maréchal Ney; elles l'ont toujours trouvé attaché uniquement au bien public, au bonheur et à la gloire de son pays. Lors de la première invasion de notre territoire, c’est lui qui, voyant que Bonaparte avait follement compromis les intérêts de la France, pressa le premier son abdication. C'est le même désir de sauver sa patrie qui, à Lons-leSaulnier, lorsque la défection la plus complète l’entourait de toutes parts, lorsque le plus fatal enthousiasme égarait tous les esprits et exaltait toutes les têtes, lorsque tout le monde était dans

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