Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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la persuasion que tout gouvernement royal avait disparu, c’est le même amour pour la patrie qui fut la règle de sa conduite. C’est encore son amour pour son pays qui, après la défaite de Waterloo, engagea le maréchal, en présence des représentants les plus distingués de la nation, à leur dévoiler la vérité tout entière (1). Ainsi, à toutes les époques de sa vie, le maréchal Ney n’a connu qu’une souveraine au monde : la France... Le désir ardent d'empêcher que le sein de la patrie fût déchiré, voilà l'unique motif de la conduite du maréchal! »

Et, plus loin, M. Dupin dit: « Le traité du 20 novembre 1815, qui trace une nouvelle démarcation du territoire de la France, a laissé sur sa droite Sarrelouis, lieu de naissance du maréchal Ney. Le maréchal n’est plus soumis au roi de France (2). » Ney bondit et s’écria : « Je suis Français, et je mourrai Français. Je fais comme Moreau : j'en appelle à l'Europe entière et à la postérité! »

On sait que la capitulation de Paris garantissait le maréchal contre toutes poursuites. « La déclaration de l’article 12, dit Ney, était tellement protectrice, que c’est sur elle que j'avais compté. Sans

(1) Allusion à la déposition du maréchal Ney devant la Chambre des pairs, le 22 juin, sur la véritable situation de l’armée et de la France. (Nole de l’éditeur.)

(2) Cet argument misérable fut mis en avant par M. Dupin, se voyant interdit de tirer parti de l’article 42 de la convention du 3 juillet et essayant de soustraire Ney aux lois françaises. — Le traité de paix avec les Alliés avait été négocié et signé le 20 novembre par le nouveau ministre Richelieu. (Note de l’éditeur.)