Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
88 SOUVENIRS D’OCTAVE LEVAVASSEUR
étaient remplies de blessés russes et français; plusieurs étaient déjà morts et étaient jetés par les croisées. On raconte qu'à la porte du grand quartier général se trouvaient deux monceaux de cadavres qu’on avait été obligé de jeter là pour faire place à l'Empereur. Nous nous emparâmes d’une petite chambre, au rez-de-chaussée. Nous occupions cette pièce depuis quelques instants, lorsque le prince Sapicha, Polonais de la plus haute distinction, qui suivait habituellement l’étatmajor de l'Empereur, vint frapper aux croisées et nous offrir de partager notre asile et les provisions, dont il était toujours complètement pourvu.
Nous marchions en avant, quoique l'Empereur et l’armée opérassent leur retraite vers Osterode où le quartier général fut établi; l'ennemi se retirait de son côté.
Cependant, à huit lieues de là, les Russes semblèrent vouloir opposer quelque résistance; mais, comme notre corps n'était pas en forces suffisantes pour livrer combat, le maréchal Ney plaça ses divisions sur la défensive en cantonnements espacés vers Mühlhausen.
Huit jours se passèrent dans cette position. Après ce temps, notre cavalerie ayant été attaquée et l'ennemi manœuvrant sur nos ailes, le maréchal ordonna la retraite et nous fûmes con-