Trois amies de Chateaubriand

98 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

lieu d'enregistrer les propos de la mourante, il les signale en termes imprécis : « Une idée déplo rablie vint me bouleverser. Je m’aperçus que Mme Ge Beaumont ne s'était doutée qu’à son dernier soupi: de l'attachement véritable que j'avais pour elle elle ne cessait d’en marquer sa su prise et semble. mourir désespérée et ravie. Elle avait cru qu’elic m'était à charge et elle avait désiré s’en aller pour me débarrasser d'elle. »

Le malheureux! Comment put-il écrire cela? Mais il y a là une sorte de candeur, qui le laisse désagréable et l'empêche d’être odieux. Elle, comme elle est belle et poignante, en cet aveu tardif! Elle savait qu’elle lui était à charge depuis longtemps; elle savait que leur liaison devait nuire au jeune diplomate et que Fontanes, homme officiel, y était opposé. Et sans doute ne savait-elle pas combien Delphine de Custine attirait l’infidèle; mais elle devinait qu’un tel curieux de l'amour ne limiterait pas à elle son désir. Alors, elle avait souhaité de mourir, plutôt que d'essayer d’être plus discrète que son ardent amour ne l'était dans son cœur.

Et lui, le frivole enchanteur, un peu fat, véritablement malheureux, un peu trop attentif à sa souffrance, mulüplia les enchantements. Les prestiges de son génie adoucirent les derniers jours de Padorable femme qu'il avait si mal aimée, Il faut lui en savoir gré, comme fit le parfait Joubert qui alors l'appela « ce bon garçon », avec plus de reconnaissance que d’ironie,