Trois amies de Chateaubriand

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manquera moins longtemps. Je n'avais pas eu depuis neuf ans une pensée où elle ne e trouvât de rnanière ou d’autre en perspective. Ce pli ne s’effacera point, et je n’aurai pas une idée à laquelle son souvenir et l’affliction de son absence ne soient mêlés… » Tous les ans, à l'automne, il consacrait à la perpétuelle pensée de Pauline de Beaumont une série de jours commémoratifs. Et voici comment il songeait à elle; une lettre à M. Molé l'indique : « Elle entendait tout, et son esprit se nourrissait de pensées comme son cœur de sentiments, sans chercher dans les premières les satisfactions de la vanité, ni un autre plaisir qu'eux-mêmes dans les seconds. Mais vous ne l'avez tous connue que Ma” lade, et vous ne pouvez pas savoir cela comme moi. Nous nous étions liés dans un temps où nous étions tous les deux bien près d’être parfaits, de sorte qu'il se mélait à notre amitié quelque chose de ce qui rend si délicieux tout ce qui rappelle l'enfance, je veux dire le souvenir de l'innocence. » Îl épiloguait ainsi; selon sa coutume, il mêlait à ses sentiments une idéologie subtile et, par moments, platonicienne. La philosophie était comme un voile dont il s'enveloppait, afin de ne pas éprouver trop directemenit le blessant contact des réalités ; mais un voile léger, car, s’il redoutait les trop vives tortures, il acceptait une juste douleur.

Il écrivit une relation des derniers temps de Pauline de Beaumont; il la soumit à M. Molé, qui ne l'aima point. Alors, il la détruisit.. Je ne crois pas

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