Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 101

que M. Molé ait jamais rien fait qu’on puisse regarder comme un dédommagement de cette perte.

*# *k *

Aprè: que Pauline de Beaumont fut morte, Chatcaubriand eut certainement beaucoup de peine. Nous le voyons quitter Rome et voyager en Italie. Il visita Naples, Pouzzoles, Baïes, Herculanum, Portici, Pompéi. Il se promena, pèlerin mélancolique : et les ruines des villes ou des palais étaient le séjour de son rêve plein de mort. En chaque lieu, il retrouvait la même inévitable tristesse. Quand il cessait de regarder un paysage, il se disait que ce paysage venait, pour lui, de mourir : «On meurt à chaque moment pour un temps, une chose, une personne qu’on ne reverra jamais; la vie est une mort successive. » Il cherchait au firmament les étoiles que Pauline de Beaumont lui avait nommées. Il les voyait briller sur les montagnes de la Sabine comme jadis sur les bois de Savigny. Leur rayon touchait la surface du Tibre. Et, « ce signe qu’une femme lui avait laissé dans le ciel » pour qu'il se souvînt d'elle, tout cela lui brisait le cœur. Cependant, à changer de pays et à voir de nouvelles ruines, il se divertissait; et sa forte vitalité luttait heureusem nt contre son désespoir.

Avant de quitter Rome, il composa une prière «pour la perte d’une personne qui nqys était chère»... Il y demandait pardon à Dieu de lavoir peut-être

9.