Trois amies de Chateaubriand

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mémoire ce Sainte-Beuve. En 1841, libre, elle songea galamment à lui, qui, par une coïncidence agréable, était libre aussi. Elle avait son installation principale à Herblay; mais elle s'était procuré un petit appartement à l'hôtel du Rhône, rue Saint-Nicaise : elle recevait là ses amis. En outre, elle invita Sainte-Beuve à Herblay.

Studieuse, elle s'était retirée là; et, dans cet aïmable village, elle menait une existence paisible, lisant beaucoup, écrivant plus encore. Elle y avait pour société habituelle Libri, Charles Didier, — et voire un prêtre, curé de l’endroit, savant homme, l'abbé Bertrand, qui fut le précepteur de Marcus Allart!. Ses travaux littéraires, c’étaient une Histoire de Florence et le roman de Seitimiæ qui, tout plein d’elle, n’eut pourtant pas de succès?

Sainte-Beuve lui déclara qu’il la trouvait « très pure »; et Hortense lui annonça qu’elle le trouvait « très naïf ». Elle ajoutait : « Où votre naïveté ne pourrait-elle pas entraîner ma pureté si elle n° était elle-même rangée sous de saintes lois? La naïveté et la pureté aux prises! Mais qui sait les chemins, et quels chemins! où elles ne s’engageraient point? » Ils étaient, Sainte-Beuve et Hortense, deux des êtres les plus intelligents de leur époque; voilà comme ils se jugeaient l’un l’autre : pareille erreur suppose l'aveuglement de la tendresse.

Hortense disait encore à Saïnte-Beuve qu’elle le

4. Pauz BoNNEroN, L. L. 2. Voir l’ Apperñdice (O).