Trois amies de Chateaubriand

D

218 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

neût paru si doux que de vivre pour vous. Peutêtre vous avez trouvé entre nous bien des différences: moi, je ne les sentais pas. Aussi, je serai contente de ce qui est arrivé, s’il en reste quelque tendresse entre nous et, de mon côté, pour vous un sentiment que bien rarement jai vraiment senti. Venez ce soir ou je vous croirai fâché. Venez donc, venez. » Bien rarement! Il fallait écrire, à tout hasard, jamais. Hortense était la franchise même. Plus adroite, n’eût-elle pas mieux tenu SainteBeuve? Il marqua peu d’empressement, et il s’excusa. Il s'excusait, ne sachant que dire, sur son âge mûr : il annonçait que son existence serait désormais « froide et sans amour » Hortense, là-dessus, bondissait : « Non, vous aimerez encore. Bah! cette race de René ne cesse jamais! » Elle se souvenait de Chateaubriand.

Toutefois, un ou deux billets d’Hortense signalent un ou deux jours agréables. Mais SainteBeuve s’occupait surtout de sa candidature académique : elle voulait qu’il fût empressé auprès de dames tout autres que la vive Hortense. Alors, il écrivait à celle-ci : « Oui, mon amie! (permettezmoi de vous appeler ainsi)... » De cette manière, 1l n’abusait pas; au contraire! et il ne demandait pas seulement les faveurs de l'amitié, mais il refusait les privautés de l'amour... « J’ai besoin de faire appel à votre amitié, à votre générosité. Que rien ne soit changé entre nous, rien excepté un point, Quand