Trois amies de Chateaubriand

HORTENSE ALLART 289

pas à publier son livre. Mais elle en communiqua des passages à Sainte-Beuve, qui les publia, lui, carrément, dans l’appendice de son deuxième volume. Pour obtenir qu’elle publiât tout et que la mémoire du grand homme en fût ridiculisée, il écrivit à la dame et il tâcha de lui monter la tête : « C’est à mes yeux un de ses crimes, de ne vous avoir nulle part nommée; c’est aussi l’un de ses châtiments, puisque cela le juge, et par un des côtés les plus faibles de son éminente nature. Vous êtes bonne enfant et vous ne lui en voulez pas. Rendez à sa mémoire de publier un jour, et sans l’altérer, sans le masquer de faux noms, ce qui déroute et désintéresse le lecteur, le chapitre que vous me faites lire en ce moment; au milieu de vos admirations et de vos tendresses fidèles, vous lui infligerez cependant, sans le vouloir... » Sans le vouloir! « une mauvaise note, la seule que vous ne puissiez pas lui épargner, — d’avoir consenti à paraître ingrat pour un pareil lien, si léger, si vrai pourtant, si conforme à sa nature, et de n’en avoir nulle part consacré, ne fût-ce que par un mot, le sincère souvenir, » Le bon apôtre!.. Si habile, si bien hypocrite!.. Et si malin qu’il écrit mal, afin de mieux envelopper sa perfidie!.…

Quand Sainte-Beuve dit que Chateaubriand n’a point nommé Hortense, dans ses Mémoires, il ne dit pas la vérité : Chateaubriand cite cette jeune femme, dans le chœur des poétesses qui entourent Mme

: Tastu. Et, s’il ne l'a pas déshonorée davantage, quoi? 2%