Trois amies de Chateaubriand

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Et du revret, de l'amertume, de l'amitié mélancolique : « Vous m'avez refusé quelques jours... » O Sainte-Beuve, c’est mal! « quelques jours de passion et de désespoir, car vous ne me connaissez pas et j'aurais été jalouse horriblement.. » Et des promesses : « Je vous aurais fait connaître une vie douce, intime et profonde, comme on la trouve dans ce que vous écrivez de sensible. Oh! pourquoi êtes-vous si bête et si passionné? Venez et pensez que la campagne et la solitude m'ont rendue folle. Venez demain; je serai très fâchée si vous ne venez pas. » Le bel entrain!..

Les gentillesses sont du 4 octobre. Puis, retournée ä Herblay, le 22 octobre, la douce Hortense écrit de nouveau à son ami. Elle lui parle de maintes choses et, notamment, d’une lettre de Béranger: «Sa lettre est des plus gaies et des plus aimables, surtout à propos de mon mariage.

Son mariage? Mais oui! « À propos de mon

mariage, qu’il combat à outrance. Mais ses conseils, dans ma jeunesse, ne m’ont pas arrêtée et ne me “retiendront pas aujourd’hui, si mes résolutions se fixent... » Elle se mariait!.. Et elle hésitait encore un peu. Du reste, dans la solitude d’Herblay, chimérique de pensée et sage de fait, elle travaillait de son mieux. Elle lisait, docte, Fleury et Baronius, « de chastes amants », disait-elle, avec autant de fierté que de regret.

Et elle pensait à Sainte-Beuve encore, avec assez de 1endresse pour hésiter quelquefois à lui écrire.