Trois amies de Chateaubriand
26 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND
son génie; il ne sut où l'installer. Ses courses américaines, son émisration peu enthousiaste et son séjour en Angleterre témoignent de sa pénible incertitude.
Pauline de Montmorin fut malheureuse; et, comme si un souffle d’allégresse, venu des idées nouvelles, éteionait en elle les leçons de sa lignée et de sa relicion, elle n'eut pas de patience pour subir son infortune. Ce jeune comic dc Beaumont, que ses parents
ui avaient donné pour mari, n'était évidemment
pas l’homme qu'il lui fallait. Pauvre petit, d’ailbe : seize ans; et une femme si intelligente !.…. Frénilly l'appelle « le plus mauvais sujet de Paris! ». C’est bien possible, On ne sait pas exactement ce que furent ce jeune ménage et sa lune de miel. Ensuite, deux ou trois ans plus tard, le comte de Beaumont déclarait qu'on Pavait forcé d’ ÉPOnSeE Paulime de Montmorin-Saint-Hérem et qu’ «il n’avait jamais vécu ‘avec elle? ». Seulement, cela, c’est en pleme Révolution qu’il le disait, à une époque où il ne semblait pas prudent d’avoir été le gendre de Montmovin, ministre de Louis XVI. Or, ce jeune homme était pusillanime, là-dessus.
En tout cas, le ménage ne dura guère; qu ’1l se soit détraqué dès la nuit de noces ou bien dans les redoutables semaines qui la suivent, Mme de Beaumont — où bien Mlle de Saint-Hérem — retourna chez ses parents. Le petit mari s’en alla chez les
4. Souvenirs du baron de Frénilly, 1768-1828, publiés par Anraur CHuquer (Paris, 1909), p. 249. 9. À. Barpoux, L. L., p. 34.