Trois amies de Chateaubriand

APPENDICE 347

la créance. Quant à ce passage des Mémotres d’outretombe auquel M. Chédieu de Robethon puis M. Edmond Biré attachent tant d’importance, je ne le crois pas très significatif. Principalement, je ne le crois pas caractéristique d’une date de 1802 plutôt que d’une date de 18083 : c’est bien après 4802 et 1803 que Chateaubriand écrivit ses Mémoires; et rien ne prouve que les complaisances féminines dont il parle soient de 1802 plutôt que de 1803. L’enthousiasme éveillé par le Génie du Christianisme durait encore en 1803.

D (Page 95).

Le mot voculaire est, d’abord, un peu surprenant. Aussi les éditions courantes de la Vie de Rancé (l'édition Garnier, par éxemple, Mélanges historiques et politiques suivis de la Vie de Rancé) écrivent-elles : le pocabulaire. Maïs il y a, dans l'édition originale (Paris, H.-L. Delloye, éditeur, s. d.) : le voculaire. Ce n’est pas une faute d'impression; c’est le mot qu'il faut garder ici.

Voculaire ne se trouve pas dans Littré. C’est un mot que Chateaubriand a forgé. La Vie de Rancé, admirable, est écrite avec la désinvolture du génie qui ne se gêne plus. Chateaubriand traite ses phrases rudement; et il invente des mots, en autocrate de la langue. Du reste, voculaire est parfaitement formé, sur le modèle d’obituaire, bestiaire, lapidaire, volucraire, ete. Un bestiaire est un recueil d’anecdotes relatives aux bêtes. Un voculaire est un recueil de paroles. Voculaire provient de vocula, « parole prononcée à voix basse »; le mot s'applique très bien à ces paroles de mourants dont il est question justement dans ce passage de la Vie de Rancé.