Trois amies de Chateaubriand

APPENDICE ' 357

de ce siècle, qui vous êtes rejetés aux vieilleries et qui commencez des romans, en disant : J’apais fait une bonne première communion ? Ce n’est pas ainsi que commencent Zadig et L’Ingénu. On peut aimer un homme sans prendre ses opinions, mais on ne peut les blâmer quand on est de son école. O Amaury, prêtre et repentant! »

S (Page 331).

Si nous en croyions Henri Heine, Emmanuel Kant aurait été, par son bon cœur, induit à écrire la Critique de la raison pratique après la Critique de la raison pure et, bref, à ressusciter les croyances qu’il avait d’abord détruites, — en d’autres termes, à écrire une sorte de Génie du Christianisme après une sorte d’Essai sur les révolutions, — afin de consolerson vieux et fidèle valet de chambre Lampe, qui avait besoin d’une religion pour ne pas être par trop malheureux ici-bas... Cette interprétation narquoise du revirement que marque la philosophie de Kant, je l’approuve de bien signaler la rudesse de ce revirement. Mais elle n’est pas juste. Le plan, le schéma, l’idée de la Raison pratique se trouvent déjà, explicitement, à la fin de la Raison pure. Pour'Kant, la restauration des croyances est, sinon l'idée première, du moins une idée de la première heure; et la dialectique meurtrière de la Raison pure n’est pas tout à fait, mais elle est presque la même chose que le « doute méthodique» de Descartes ou le scepticisme provisoire de Pascal, l’une des prémisses d’une argumentation dogmatique, tendant à des affirmations.

En tout cas, voilà l'échantillon d’un processus idéologique qui mène de la mécréance et du nihilisme au dogmatisme et à la croyance. Dans l'œuvre de Chateau-