Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 47

et prochainement, par leur massacre et le sient.

C’est au moment de la fuite du roi que Montmo- -

rin se compromit de la façon la plus dangereuse et la plus brave. Il fut linstigateur des premiers projets d'évasion ;1lpréconisaitun subtil embarquement au Havre et il se heurtaïit alors à mille empêchements parmi lesquels les plus désagréables étaient sans doute l’irrésolution du roi et sa surprenante duplicité. Alors, Pauline de Beaumont dut cent fois entendre son père répéter la sinistre prédiction de Mirabeau :

— Il faut en prendre son parti, nous serons tous massacrés, et cela ne sera pas long?!..

Quand le rois’en alla, Montmorin ne fut pas averti; maisilavait tout de même délivré les passeports. Après Varennes le 24 juin, on présentait à l’Assemblée ces passeports signés de lui. On signalait sa perfidie : n’était-ce pas lui qui, deux mois plus tôt, avait officiellement rassuré l’Assemblée sur les projets du roi? n’avait-il pas affirmé, sur sa tête, que Louis XVI ne voulait que la constitution? A la tribune des Jacobins, Robespierre se déchaîna contre Montmorin le « traître » et fit retomber sur lui toute la responsabilité.

Injurié, menacé d’abord, Montmorin fut mis en arrestation et conduit à l’Assemblée. Il était dans la situation la plus fausse; il se défendit très mal.

Cependant la foule, furieuse, se rendit à l'hôtel

1. Marovurt, Mémoires, tome II, p-153: 2. Lucren pe Cuizzy, La Tour du Pin (Paris, 1909), p. 357..