Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 67

Racine, écrivait : « La musique de Lulli m’alarme...» Ce simple mot lui suffisait. Il ne suffirait plus à présent; et Pauline de Beaumont déjà ne se contente plus de ce modeste et charmant vocabulaire : il lui faut bien davantage. Mais, depuis lors, on l’a dépassée! Au mois de mai de leur première année d'amour, 1801, ils partirent tous les deux pour la campagne. Pauline de Beaumont avait loué, à Savignyÿ-surOrge, une petite maison...

Chateaubriand raconte cela, dans les Mémoires d'ouire-tombe, comme la chose du monde la plus naturelle; et il l'arrange un peu : « Mme de Beaumont me proposa de me donner une chambre à la campagne, dans une maison qu’elle venait de louer à Savigny. Je passai six mois dans sa retraite, avec M. Joubert et nos autres amis. » À la vérité, ce n’est pas toutàfait ainsi que l’aventure se combina. Et, certes, il ne faut pas reprocher à Chateaubriand d’avoir été, cette fois, un peu discret; mais, en réalité, ils partirent comme deux amoureux qu’anime leur récent bonheur, comme deux amoureux jeunes et gais!…

Le lendemain de leur arrivée, Pauline écrivit à Joubert, qui était devenu l’ami de leur amour : « À peine arrivée depuis vingt-quatre heures, je suis déjà impatiente de vous donner de nos nouvelles. Il me semble que vous devez être plus curieux du solitaire que de moi... » Elle appelle Chateaubriand le solitaire, comme lui tout à l’heure Pappelait une.

Ed