Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 69

Pour la seconde fois, au moins. Madeleine était l'auxiliaire de Jésus.

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Sur la manière dont Chateaubriand travailla, en la tendre compagnie de Pauline de Beaumont, au Génie du Christianisme, nous avons un admirable document : c’est la correspondance de Joubert et de Pauline de Beaumont.

Ils sont arrivés, les deux amoureux, à Savigny, le 22 mai 1801. Dès le lendemain, la jeune femme aux yeux coupés en amande écrit à Joubert : « Ce matin, le sauvage m’a lu la première partie du premier volume, en m’indiquant les changements qu’il doit faire. En vérité, je lui souhaite des critiques plus froids et plus éclairés que moi; car je ne suis pas sortie du ravissement et suis beaucoup moins sévère que lui. C’est détestablel... » Elle est sous le charme, l’enchanteur la mène à son gré.

Joubert donne d'excellents et fins conseils : « Il faut seulement, dit-il,le débarbouiller de Rousseau, d’Ossian, des vapeurs de la Tamise, des révolutions anciennes et modernes, et lui laisser la croix, les missions, les couchers de soleil en plein océan, les savanes de l'Amérique; et vous verrez quel poète nous allons avoir pour nous purifier des restes du Directoire, comme Épiménide, avec ses rites sacrés et ses vers, purifia Athènes de la peste. » Comme c’est joli, comme c’est intelligent, comme c’est cons-