Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 83

d’Étampes ou ailleurs : « Si vous saviez comme Jen

suis heureux et malheureux depuis hier, vous auriez

pitié de moi. Il est cinq heures du matin. Je suis seul dans ma cellule. Ma fenêtre est ouverte sur les jardins qui sont si frais, et je vois l’or d’un béau soleil levant qui s'annonce au-dessus du quartier que vous habitez. Je pense que je ne vous verrai pas aujourd’hui et je suis bien triste. Tout cela ressemble à un roman; mais les romans n’ont-ils pas leurs charmes? Et ioute la vie n'est-elle pas un triste roman? Écrivez-moi, que je voie au moins quelque chose qui vienne de vous! Adieu, adieu jusqu’à demain! Rien de nouveau sur le maudit voyage. »

C’est une jolie lettre d'amour; et, si j'ose dire, c’est une jolie lettre de lendemain matin. Il s’est éveillé de bonne heure; et comme, un peu nonchalant, très doux, il rêve bien devant l’aurore! Un peu de littérature, mais si involontaire! Il s’en aperçoit; et il dit que la vie, elle aussi, ressemble à un roman. Toute la longue journée de l'attente lui est immense ct insupportable,

Enfin, René de Chateaubriand n’aime pas autrerent que son prochain : c’est la seule humilité qu’il ait eue, et sans le savoir, et avec de plus charmantes phrases que personne.

Un autre jour... « Je ne vis plus que dans l’espérance de vous revoir. De grâce, un mot, un seul mot, pour m'aider à passer la journée! J'ai erré hier le reste de l'après-midi dans toutes les rues de Paris, sans savoir où j'allais. Ah! promettez-moi le château