Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 89

et de petites anecdotes : à travers ses larmes, il voyait clair et, à travers sa tristesse, il s'amusait de voir du pays.

A Lyon, il eut le plaisir d'assister à la célébration de la Fête-Dieu renaissante; et, pour que son plaisir fût meilleur encore, plus glorieux et de qualité historique, ilse disait qu'il avait quelque part « à ces bouquets de fleurs, à cette joie du ciel » par lui «rappelée sur la terre ».

Quelle satisfaction parfaite! Tout le long de son voyage, on lui fit grand honneur à propos du Génie du Christianisme. « Il m'est arrivé quelque-' fois, écr t-il à Joubert, tandis que je me reposa's dans une méchante auberge de village, de voir entrer un père et une mère avec leur fils : ils m'amenaient, disaient-ils, leur enfant pour me remercier. Était-ce l'amour-propre qui me donnait alors ce plaisir vif dont je parle? Ce qui me toucha t, c'était, du moins j'ose le croire, c’était d’avoir produit un peu de bien, d'avoir consolé quelques cœurs afflicés, d’avoir fait naître au fond des entrailles d’une mère l'espérance d'élever un fils chrétien, c’est-àdire un fils soumis, respectueux, attaché à ses parents. Je ne sais ce que vaut mon ouvrage; mais aurais-je goûté cette joie pure, si j'eusse écrit avec tout le talent imaginab e un livre qui aurait blessé les mœurs et la religion? »

C’est bien, c’est beau, c’est édifiant. Et l'on ne saurait joliment plaisanter à l'occasion de si nobles sentiments. Pourtant! Pourtant, faut-il Pavouer?

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