Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 91

la manière « la plus affectueuse »; il lui avait montré, ouvert sur sa table, Le Génie du Christianisme, «On ne peut voir un meilleur homme, un plus digne pré at et un prince plus simple... » Évidemment !.….

Et Pauline était à Paris, dans une infinie détresse de cœur. Elle reçut bientôt deux lettres, et si gaies qu’elle en éprouva une singulière souffrance. « C’est une sorte de délire, écrivit-elle à Joubert, une sorte de délire et des monuments et des déserts que l’on trouve de toutes parts. » Avec une pénible amertume, elle cite au parfait ami les belles phrases qu’elle reçoit de l'ami si léger, — oui, de trop belles phrases, et qu’elle donnerait toutes Pour un petit mot de regret plus aimant, Le pape lui a pris la main; le pape l’a courtoisement appelé «son cher Chateaubriand ».. Enfin : « Voilà un extrait bien sec d’une lettre bien aimable; mais je ne saurais faire mieux, et je vous quitte parce que je suis fatiguée, »

La tristesse, la déception et, en somme, le dégoût de la pauvre Pauline de Beaumont marquent ces dernières lignes.

Notons-le : bien des choses de cette lettre que Chateaubriand, de Rome, adressait à Pauline de Beaumont se retrouvent textuellement dans les Mémoires d’outre-tombe. Le portrait du pape est le même, avec les mêmes mots. Ainsi, Pauline de Beaumont, aimant tout de même les lettres de René qu’elle adorait, les emporta en Auvergne, à Rome, ne voulut point s’en séparer. Puis, Chateaubriand, à la mort de Pauline, les recouvra, les rangea, les