Trois amies de Chateaubriand

92 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

garda et, plus tard, les utilisa pour des livres, — car la littérature est une terrible passion, quand une fois elle s’est installée dans une âme et y règne!..

Abandonnée à Paris, inquiète, malade et, sans le vouloir, désolée de sentir René si parfaitement heureux loin d’elle, Pauline de Beaumont décida de s’en aller. On lui ordonnait le Mont-Dore. Elle s'apprêtait à partir, quand elle reçut de Rome une lettre alarmante. Chateaubriand, à peine arrivé, L s'était vite donné beaucoup de mouvement. Le cardinal Fesch tardant à venir, il se hâtait de prendre quelques initiatives flatteuses. Par exemple il se dépêcha de faire visite au roi dépossédé de Sardaigne Yictor-Emmanuel [°, roi sans royaume, souverain abdicataire, à qui — affirme-t-on — le secrétaire de la légation française ne devait pas offrir ses hommages. C’est une aventure très compliquée, et dans le détail de laquelle je soupçonne qu il y a des erreurs, peut-être même de la plaisanterie, voire des manigances. Mais il nimporte, présentement. Aux lettres si heureuses de René, succédait une lettre affolée — et la prière d’arranger cela pour le mieux, à Paris.

Dévouée, Pauline de Beaumont retarda son départ. Elle écrivit à Fontanes, président du Corps législatif. Elle lui raconta ce qu’elle savait; et elle terminait nsnlun des b lets les ‘plus nErVelEE et frissonnants qu’on ait conservés d’elle : « J’espère que cette légèreté ne sera pas prise trop sérieusement, cependant je ne suis pas tranquille..Je demande pardon à