Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
10 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE
bouquets! ; il commit l’extravagance de danser en public, avec sa maitresse, un pas de ballet sur la scène de l'Opéra? ; il connut des succès de toutes sortes et des avanies de tout genre ; il eut des querelles, des dettes, des duels, voulut tâter de tout, même du mariage, et demanda la main de la fille d'un gentilhomme breton, Ranconnet de Noyan, son voisin de campagne#, qui, d’ailleurs, l'éconduisit; enfin une rencontre malheureuse avec le comte de Bourbon-Busset‘ mit fin au prologue de cette existence mouvementée : la Rouërie blessa grièvement son adversaire, qui, pendant dix jours, passa pour mort. Le roi apprit la chose, — Bourbon-Busset était son cousin; — dans un mouve-
1. Notes inédites de M de Langan de Bois-Février, publiées par M. le vicomte le Bouteiller. — Jowrnal de Fougères, 1892.
2. Récit de Chévetel.
3. Archives nationales, W, 274. — Portraits de Famille, par le comte de Sainte-Aulaire.
4. Louis-François-Joseph, comte de Bourbon-Busset, né en 1749, mousquelaire du roi le 20 juin 1764, capitaine au régiment de Royal-Piémont le 26 décembre 1766, mestre de camp le 13 février 1164. — Archives du Ministère de la Guerre. Il avait épousé Elisabeth-Louise de Boynes. Ce duel tragique eut pour motif une divergence de vues entre la Rouërie et le comte de BourbonBusset touchant le degré de cuisson d'un poulet. — Renseignements particuliers.
5. Nous trouvons, dans la Correspondance secrète publiée par M. de Lescure, cette note : « Le comte de Bourbon-Busset, qui a épousé M'"° de Boynes, mène une vie très scandaleusement dérangée. Le roi, dont il avait été le menin et qui l’aimait, lui avait témoigné son mécontentement de sa conduite. Le désordre continua, et il s’éloigna de la cour pendant quelque temps. La semaine passée, il parut à Versailles ; mais Sa Majesté, l'ayant aperçu,